ASSURER A CHACUN DES SERVICES DE SANTÉ ADÉQUATS ET DE PROXIMITÉ

Le système de santé guinéen est composé des sous secteurs public et privé. Le sous-secteur public est organisé de façon pyramidale et comprend de la base au sommet: le poste de santé, le centre de santé, l’hôpital préfectoral, l’hôpital régional et l’hôpital national.

Le sous-secteur privé comprend d’une part, les structures médicales et d’autre part, les structures bios- pharmaceutiques. Dans le domaine de l’administration des soins médicaux, il existe des cabinets de soins infirmiers ou de sage-femme, des cabinets de consultations médicales et des cliniques.

Les structures pharmaceutiques et biomédicales sont composées des points de vente, des officines privées, des sociétés grossistes et des laboratoires d’analyses biomédicales. Dans ce contexte, le secteur informel a connu un développement rapide et de façon incontrôlée. Bien qu’il contribue à rendre disponibles les services de santé, l’on ignore tout des tarifs appliqués et, surtout, de la qualité des services fournis. Ce développement incontrôlé met en péril la vie des citoyens.

Aussi, malgré les progrès significatifs dans la construction d’infrastructures de santé dans les années 90 qui ont permis d’améliorer le taux de couverture sanitaire, des contraintes importantes persistent au niveau du système de santé. Elles portent sur :

  • La faible qualité des soins, l’insuffisance d’équipements modernes et de personnel qualifié ;
  • Le délabrement des infrastructures existantes ;
  • Le manque de personnel soignant en milieu rural et le sureffectif des médecins dans les hôpitaux, notamment à Conakry ;
  • L’accès difficile des populations aux médicaments essentiels et la détérioration des infrastructures.

A ces contraintes, on pourrait ajouter la propagation rapide et silencieuse du VIH/SIDA ainsi que le coût des médicaments notamment pour les pauvres vivant majoritairement en milieu rural.

Cette situation a des conséquences graves sur la santé publique, la qualité de la vie et le développement économique de notre pays.

Afin de réduire ces contraintes et offrir aux citoyens des soins de santé de qualité, le PEDN entend orienter ses interventions dans 4 directions, notamment : promouvoir un cadre de vie décent, construire des infrastructures sanitaires de proximité et renforcer la qualité de la formation du personnel soignant, rendre les médicaments essentiels accessibles à tous et renforcer les règles d’exercice privé de la santé.

1) PROMOUVOIR UN CADRE DE VIE DÉCENT

Selon l’Enquête Intégré de Base Pour l’Évaluation de la Pauvreté (EIBEP) de 2002/2003, les maladies dues aux mauvaises conditions d’habitat et d’hygiène sont très importantes. Parmi celles-ci, les populations ont cité lors de cette enquête, la fièvre jaune et le paludisme pour 43,3% et les maladies gastro-entérites pour 15,6% dont 5% de diarrhée. Ces maladies sévissent particulièrement dans les zones insalubres.

S’agissant de l’habitat, la situation se caractérise par une réelle anarchie aussi bien dans l’aménagement que dans la construction. En effet, en dépit de l’urbanisation rapide, la population urbaine est passée de 14% de la population totale en 1960 à 25% en 1989 et 40% en 2003 et pourrait atteindre à ce rythme, plus de 50% en 2015. Les villes guinéennes sont dépourvues de services de base et souffrent du manque d’infrastructures et d’équipements adéquats pour soutenir et promouvoir le développement économique.

Aussi la pauvreté est plus prononcée dans les villes avec 70% de population vivant dans des zones surpeuplées, les quartiers sont de plus en plus saturés faute d’aménagement. En effet, le secteur de l’urbanisme et de l’habitat se distingue principalement par :

  • L’anarchie des interventions sur le terrain notamment la dilapidation de la réserve foncière de l’Etat ;
  • La mauvaise qualité des assainissements ;
  • Le manque et/ou les difficultés de mise en oeuvre des plans directeurs d’aménagement des villes ;
  • Le coût élevé des logements très souvent de mauvaise qualité, etc.

Fort de son expérience de gestion, le PEDN propose une nouvelle vision de l’aménagement du territoire fondée sur la décentralisation impliquant l’autonomie des zones à tous les niveaux.

En effet, si certaines infrastructures par la nature de leur utilité, leur coût et leur impact économique restent du domaine de l’État d’autres plus petites et moins coûteuses doivent relever de la compétence des collectivités locales. A cet égard, les aménagements sportifs et culturels doivent relever de la seule responsabilité des entités au plus bas niveau.

Les difficultés actuelles du secteur concernent :

  • La non application du Code Foncier et Domanial (CFD) et la non élaboration de l’ensemble de ses textes d’application ;
  • L’insécurité des titres établis par l’État ;
  • L’inefficacité des services de gestion foncière déconcentrés et décentralisés dû au manque de moyens et à la non maîtrise du CFD ;
  • La cherté des frais d’immatriculation des parcelles et la lenteur dans la procédure, dues en partie à la non densification du réseau ;
  • L’état embryonnaire et non à jour du cadastre, rendant difficile l’inventaire des biens immeubles publics et privés pour de besoins de gestion transparente ou de fiscalité.

S’agissant de l’assainissement, il faut souligner que les principales difficultés du secteur se présentent comme suit :

Eaux pluviales : Les systèmes de drainage des eaux pluviales sont faiblement développés. En conséquence les dégâts dus à la divagation des eaux pluviales sont immenses. Outre la dégradation des chaussées et fondations des maisons et les inondations, on enregistre souvent des pertes en vies humaines.

Eaux usées : Sur toute l’étendue du territoire seule la commune de Kaloum (une des communes de la capitale) dispose d’un système d’assainissement collectif d’évacuation et de traitement des eaux usées. Malgré les densités élevées de population, le mode principal est constitué par les latrines (66,8% des ménages). 27,1% de ménages ne dispose d’aucun système d’assainissement.

Déchets liquides et solides toxiques : Les résidus d’hydrocarbures et industriels, ainsi que les ordures ménagères (77%) sont rejetés dans la nature (sols, rivières, bras de mer, caniveaux, etc.). Les villes manquent de décharges contrôlées.

Outre les problèmes d’infrastructures et d’assainissement évoqués ci- dessus, les problèmes d’environnement urbain se posent en termes d’absence et/ou de faible application de politiques prenant en compte le caractère systémique de l’environnement (pollution, nuisances) Pour améliorer la situation, le PEDN inscrit son intervention dans le cadre de programmes de développement du secteur autour des problèmes identifiés. A cet égard, il propose la mise en place de trois importants programmes :

  • Un Programme national de sécurisation des réserves foncières de l’État incluant la modernisation des titres fonciers délivrés aux citoyens ;
  • Un Programme de développement des villes comportant des politiques axées sur la revitalisation économique, l’aménagement urbain, l’assainissement, la lutte contre la pauvreté urbaine et la sécurité ;
  • Un Programme de renforcement des capacités institutionnelles et humaines du secteur ;

2) CONSTRUIRE DES INFRASTRUCTURES SANITAIRES DE PROXIMITÉ ET RENFORCER LA QUALITÉ DE LA FORMATION DU PERSONNEL SOIGNANT

Dans ce domaine, le programme du PEDN propose :

  • Construire et équiper dans chaque région administrative un centre hospitalo-universitaire
  • Réhabiliter et équiper les infrastructures existantes (Hôpitaux préfectoraux, centres médicaux communaux, Centres de santé, postes de santé) ;
  • Développer au sein de chaque CHU régional, un centre de formation et de perfectionnement du personnel soignant ;

3) RENDRE LES MÉDICAMENTS ESSENTIELS ACCESSIBLE A TOUS

Pour rendre les médicaments essentiels accessibles aux populations, le PEDN propose :

  • De mettre en place un mécanisme de distribution des médicaments essentiels impliquant le secteur privé ;
  • Créer auprès des CHU dans les régions des centres de stockage et de distribution de médicaments essentiels ;
  • Accroître la participation de l’Etat au prix d’acquisition des médicaments essentiels ;
  • Relancer le programme de soins de santé primaire.

4) RENFORCER LES RÈGLES DEXERCICE PRIVE DE LA SANTÉ

La pratique de la santé par le privé en Guinée se caractérise par des dysfonctionnements liés à la vétusté des infrastructures, le manque de contrôle de l’État et la faiblesse de la qualité des soins médicaux. Pour y remédier, le PEDN propose :

  • D’encadrer de manière rigoureuse l’exercice de la santé à titre privé et l’ouverture de cliniques et cabinets privés ;
  • De mettre en place un système de contrôle et du suivi permanent de l’exercice de la santé par le secteur privé ;
  • Promouvoir les cabinets privés à développer certaines spécialités à l’intérieur du pays (Cabinet dentaire, ophtalmologie, etc.)
  • Impliquer les cliniques privées dans l’élargissement du programme de soins de santé primaire;