Le bureau national pensait qu’Alpha Condé, m’avait donné une valise d’argent. Il est vivant et les personnes qui m’ont vu partir de Paris , Alpha Condé m’a donné 300 ffrcs pour que je prenne le taxi.

D’ailleurs ne connaissant pas bien Paris, le taximan m’a tourné dans tous les villages du Val d’Oise pour arriver à Roissy , alors que Garges les gonesse où habitait mon frère chez lequel j’avais passé la nuit est tout proche de Roissy Charles de Gaulle.
Le bureau national du RPG a tout essayé, ils sont allés voir Dioumessi Ibrahima secrétaire général adjoint du RPG, afin qu’il intervienne au près d’Elhadj Fofana Ibrahima pour que je travaille avec eux..
En route pour Lansanaya, Dioumessi en bon policier ne m’a laissé rien entrevoir , il m’a laissé dans un flou total.
Arrivé chez Elhadj Ibrahima Fofana et en présence de sa femme, nous avons commencé par les problèmes sur le terrain causés par ce fameux bureau national du RPG.
Après, Elhadj Ibrahima Fofana m’a demandé de travailler eux , il ne savait que je suis très têtu surtout lorsque je sais que je suis sur le bon chemin.
Sa femme ( paix à son âme ), ne me connaissant pas ,à le malheur de me dire , qu’elle et Alpha Condé ont fait l’école ensembles et qu’elle lui fera le compte rendu.
Je lui ai rétorqué , après le compte rendu, dites lui que je m’en fou de lui .
Voulez vous que je travaille dans la clandestinité avec des personnes que je ne connais pas,je refuse, c’est ma vie qui est en jeu et en plus je ne suis pas en Guinée pour me battre pour Alpha Condé, je suis là pour la démocratie et le multipartisme intégral pour mon pays.
Nous nous sommes quittés et comme Alpha Condé m’avait chargé d’organiser sa venue , je suis allé à la banque pour décaisser pour nous permettre de commencer à travailler et dans ma propre famille, à korecobia non loin du château d’eau à Kaloum.
Le pouvoir en difficulté, demandera à Madame Soumah Tiguidanké d’organiser les femmes de Kaloum en sa faveur.
Au moment où elle a voulu faire quelque chose, j’ai appelé Souaré le frère de Djotan Souaré, l’ami de Souapé Sékou et nous avions mis un plan en place, le lendemain Madame Soumah Tiguidanké a pris l’avion pour Dakar.
Déstabilisé , le général provoquera une grande réunion , il avait annoncé de dire tout , sur les événements de 1985 .
Ce jour, les rues de Kaloum étaient désertes,tout le monde était devant la télévision et attendait ce qui sera dit .
C’était une affaire militaire, le général Conté Lansana arrive avec de très importants gardes et même sur l’estrade,il était protégé comme s’il craignait quelque chose.
Malheureusement, la montagne accouchera d’une souris, il n’a pas dit grand chose, nous sommes restés sur notre faim.
Après mon ami Fodé Idrissa alias briqui Momo en Guinée, Malick Sanckon , Soriba Sorel iront chercher des jeunes dans les villages environnant Conakry les mettre dans les rues de Conakry, munis de feuilles vertes coupées sur les arbres , ils vociferaient 《 Conté ou la mort , tous les opposants à bats, Alpha Condé, Bah Mamadou…) c’étaient les deux connus sur le terrain.
Cette action nous a encore galvanisés et nous a fait redoubler d’effort .
La soeur de José ( Alpha Condé ), N Sira Condé, paniquée a fait appel à Ahmed Tidjane Cissé et moi et nous a dit : 《 si quelque chose de grave arrivait à Alpha Condé, vous l’aurez sur votre conscience, dites lui de ne pas venir 》.
Après chez N’Sira, je suis allé chez Christian Sow , lui aussi inquiet, c’est ainsi que j’ai décidé de faire passer le message à Alpha Condé.
Des fois,je téléphonais à la poste au sous sol , grâce à mon frère Noumandjan Camara Jacques, décédé il y a quelques années.
Lorsque j’ai téléphoné à Paris chez Alpha Condé et je suis tombé sur feu Kaba Mory Sénkoun qui était venu à la veille du départ d’Alpha Condé pour Dakar au Sénégal, il ne devrait faire qu’un changement d’avion pour arriver à Conakry le 17 Mai à 10 heures.
Je lui ai passé le message de N Sira Condé et de Christian Sow, j’ai entendu la voix d’Alpha Condé au fond dire , dis à Dioubaté que je viendrai , rien ne me fera changer, cela m’a rassuré .
De retour à la maison , Souapé Sékou me parle de sacrifice que son marabout lui aurait signifié.
Il fallait sacrifier un cabri , je lui ai dit que je suis très rationnel et serein et que ces genres de pratiques sont répugnants.
Il a insisté , nous sommes allés chercher le cabri , l’avons immolé dans la cour de korecobia et partager la viande.
Après cela , je me suis éclipsé, en allant voir les établissements scolaires et chez les antiquaires de Sidimela à Kaloum, leur ai loué un car pour l’aéroport.
Inquiet et angoissé , j’ai perdu l’appétit, il fallait qu’il ait une grande manifestation car tout échec m’incomberait, cela me sera reproché par le fameux bureau national du RPG, budgétivore.
La nuit ,Djotan Souaré vint me chercher de force pour m’amener chez elle car elle a entendu qu’on me recherche et qu’on lui aurait dit aussi que Zoumanigui le militaire aurait promis de descendre Alpha Condé à sa descente de l’avion .
J’ai dormi à Matoto et dès 8h , j’étais à l aéroport où j’ai déjeuné à l étage.
A 9 h , nous avons eu l’impression que les personnes sont sortis sous sol , un monde fou car chacun voulait voir , cet Alpha Condé dont on parle tant et qui fait trembler le pouvoir du général de Lansana Conté.
A 10 h, l’avion atterrit, le policier qui contrôle Alpha Condé était chez lui à Paris et ne voulait pas le laisser passer, faute de passeport, car on le lui a refusé , il n’avait que son acte de naissance et un sauf conduit délivré par l ambassade de la Guinée à Paris.
C’est Ibrahima Dioumessi qui téléphonera de l’aéroport au doyen Nabi Youla et ce dernier dira au général Conté Lansana de le laisser rentrer à Conakry.
Je pensais que nous aurions fait une réunion, pour faire et tracer le programme de travail.
Hélas, monsieur était euphorique, les courtisans accouraient de partout , parmi eux beaucoup se trouvaient à la table de belote les soirs chez le président Conté Lansana.
Tout était improvisé, j’ai demandé à Tidjane Cissé, il ne faudrait pas qu’il fasse un discours , qu’il salue simplement à partir du balcon les militants du RPG.
Cela , dans mes réunions, j’ai su que les guinéens étaient à la recherche d’un tribun à la dimension du président Ahmed Sékou Touré or Alpha Condé n’a pas cette qualité.
Ce n est pas tout le monde qui a la qualité d’improviser, c’est un travail de longue haleine.
Le ministre Mohamed Lamine Touré m’a dit, qu’éleve au lycée, lorsqu’il rendait visite à Sékou Touré au bureau, ce dernier avait toujours un livre intitulé : comment parler au public.
C’est tout un art de s’adresser à un public, l’on ne m’a pas écouté, il fera un discours sans ligne directrice ,décousu , allant dans tous les sens.
Comme c’était un public profane, il s en est sorti , car j’ai entendu certains dire qu’est qu’il est fort,on n’a rien compris, or s’il était fort , il se fera comprendre.
Reçu par Monseigneur Sarah, un prélat très malin , il sera intransigeant sur nos positions ,nous avions des renseignements sur ce dernier , prompt à piéger ses interlocuteurs.
L’organisation du meeting dont j’étais contre , beaucoup de maladresses, je me suis dit , ça sent la ‘merde ».
Le 1 er Juin 1991 , je me suis embarqué pour Paris et suivre tout cela de loin.

A suivre l’épisode du domicile de l’ambassadeur du Sénégal en Guinée.

Mamadi Dioubaté