La ville de Conakry a connu une explosion démographique ces dernières décennies sans que les infrastructures adéquates d’assainissement et de gestion des déchets ne suivent. Selon les données du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH3), sa population qui était de 1.092.000 habitants en 1996 est passée à 1.300.000 en 2002 (DNS). En 2010, le ministère du plan indique que sa population dépasse largement 2 millions d’habitants.
Cette situation est essentiellement due à la forte pauvreté rurale qui a engendré un fort exode. Cet exode aggrave les problèmes de gestion des déchets déjà existant dans la ville en créant des quartiers propres ( Kipé, Lambagni, nongo, minière, camayenne etc…) et des quartiers sales ( Coronthie, Boulbinet, Bonfi, Matam, Matoto centre etc…) avec pour conséquence l’apparition des inégalités socio – spaciales dans l’exécution du service d’enlèvement.
Plusieurs quartiers ne bénéficient pas d’un service de ramassage des déchets qui se limite à la collecte, au transport et la mise en décharge. Les déchets une fois collectés, sont transportés vers la seule grande décharge sauvage de la minière où ils sont simplement enfouis sans tri ni traitement préalable.
Suite à l’insalubrité croissante, la ville de Conakry affiche l’image d’une ville prise en otage par les montagnes d’immondices (une ville poubelle).
Le caractère inopérant des structures de collecte et d’évacuation des déchets favorise l’implantation des dépotoirs sauvages incontrôlés dans les rues. Les immondices non ramassés, les eaux usées non canalisées, les voiries dégradées sont devenues le cauchemar des habitants de Conakry. Ces derniers bouchent les caniveaux d’évacuation et polluent les rivages par manque d’enlèvement.
Compte tenu de la croissance sans cesse de la population, de l’augmentation des masses, des volumes et de la variation quantitative et qualitative des ordures, il est alors important que les autorités s’orientent résolument vers les quatre piliers ci-dessous :
1) La réduction à la source des déchets basée sur le principe des 5R:( RÉDUIRE À LA SOURCE, RÉPARER, RÉUTILISER, RECYCLER ET RÉINVENTER);
2) Utiliser le principe pollueur-payeur ;
3) La valorisation par compostage ;
4) Le recyclage des déchets non composables.
En conséquence, dans le cadre de la mise en œuvre d’un schéma de la gestion des ordures, il faudra:
– Un cadre de concertation de tous les acteurs de la filière pour harmoniser les bonnes pratiques ;
– Un système de labellisation de la pré-collecte afin de maîtriser la création de PME pour une autorisation de ramassage des ordures, avec des bordereaux de suivi afin d’éviter la situation actuelle ;
– La mise à disposition des ménages des bacs, des points de regroupement conventionnels ;
– Et en fin, la création d’une brigade de salubrité .
Demba Sanoh, Sociologue, Enseignant-chercheur
Membre du Comité National des Jeunes du PE.D.N