Des membres de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) ont fait savoir vendredi 21 août qu’ils avaient rencontré la veille le président Ibrahim Boubacar Keïta et les autres personnalités détenues par la junte. L’ancien ministre de l’économie, Abdoulaye Daffé, et le secrétaire particulier du président, Sabane Mahalmoudou, ont par ailleurs été remis en liberté, établissant à dix-sept le nombre de personnes encore détenues par les putschistes, a déclaré l’un de leurs responsables.

Ce geste des militaires, qui assurent vouloir organiser une transition politique de courte durée, intervient alors que l’opposition appelle à de grands rassemblements dans l’après-midi à Bamako, la capitale malienne, pour « fêter la victoire du peuple malien », trois jours après la chute du président Keïta, au pouvoir depuis 2013.

Plusieurs ministres et militaires arrêtés

Elu en 2013 et réélu en 2018 pour cinq ans, le président Keïta était confronté depuis des mois à une contestation sans précédent depuis le coup d’Etat de 2012. Il a été contraint d’annoncer sa démission ainsi que la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement dans la nuit de mardi à mercredi, après avoir été arrêté par les putschistes.

Outre le président et son premier ministre, Boubou Cissé, les militaires ont également arrêté plusieurs hauts responsables, parmi lesquels le ministre de la défense et celui de la sécurité, les généraux Ibrahima Dahirou Dembélé et M’Bemba Moussa Keïta, le président de l’Assemblée nationale Moussa Timbiné et le chef d’état-major de l’armée, le général Abdoulaye Coulibaly.

Préparer la transition

Les pays voisins du Mali, réunis en sommet extraordinaire, ont réclamé jeudi le « rétablissement » dans ses fonctions d’Ibrahim Boubacar Keïta et décidé d’envoyer une délégation à Bamako en vue d’un « retour immédiat à l’ordre constitutionnel ».

Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) mis en place par les militaires et dirigé par un colonel de 37 ans, Assimi Goïta, ont appelé la population à retourner au travail, et les marchés ont rouvert à Bamako. Ses responsables ont rencontré jeudi des membres de la société civile et des responsables de la classe politique, dont des représentants des partis de la majorité soutenant le président Keïta.

« C’était une rencontre d’écoute. Nous avons condamné le coup d’Etat. Mais nous sommes aussi prêts à parler d’avenir. Les discussions se poursuivront », a déclaré à l’issue de cette rencontre Blaise Sangare, conseiller spécial du président Keïta et chef de la Convention sociale démocrate (CSD), une formation de la majorité. La junte « va mettre en place un conseil de transition, avec un président de transition qui va être ou un militaire ou un civil », a affirmé jeudi sur France 24 son porte-parole, le colonel major Ismaël Wagué.

Les militaires ont également annoncé la réouverture dès vendredi des frontières terrestres et aériennes, même si les pays de l’Afrique de l’Ouest ont décidé de fermer les leurs avec le Mali, sauf pour les denrées de première nécessité, les médicaments et l’énergie.

La mission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) va quant à elle être conduite par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, accompagné du président de la commission de la Cédéao, Kassi Jean-Claude Brou, et du ministre des affaires étrangères nigérien, Kalla Ankourao, a-t-on appris vendredi auprès de l’organisation à Bamako.

La junte recevra « avec plaisir » samedi à Bamako cette délégation de l’Afrique de l’Ouest, a ensuite dit à l’Agence France-Presse (AFP) un responsable de la junte.

Le Monde et AFP