Le Mardi 08 Juin 2021, Lansana KOUYATÉ, le Président du PE.D.N alors invité de l’émission sans concession de Guineenews a fait promesse aux animateurs de cette émission de leur faire parvenir un poème sur l’eau. Cette promesse du prochain locataire du palais présidentiel guinéen intervient à la suite d’une question inspirée de son discours à l’occasion de nouvel an adressé à ses compatriotes que lui avait été posée par l’animatrice principale.
A l’occasion, il a présagé dans son adresse que s’il devrait y avoir une troisième guerre mondiale, elle serait par un conflit autour de l’eau.

Joignant la parole à l’acte, comme pour dire que l’homme, c’est la parole, Lansana KOUYATÉ, en lieu et place d’un poème, a fait voyager les amoureux de rimes dans les arcanes de deux poèmes fascinants et succulents. À travers, ces lignes, l’homme démontre qu’il n’est pas seulement politique ou scientifique, qu’il est aussi poète.
Dégustez-en !

« KALOUMI !

Autrefois, tu étalais comme une jeune fille à la peau d’ébène,  ta beauté naturelle

je marchais, pétales frivoles à mes pieds, tombées des flamboyants de merveilles.

Soleil couchant charriant ses rayons sur les parapets blanchis d’une corniche possessive

Insensible aux lointains bruits, tu gardais comme un monarque assoupi l’ouïe excessive.

 

Les moindres cris dans la cité,  moindres vrombissements ne te sont inconnus

Ton silence était majesté que ne sauraient perturber les pêcheurs aux torses nus.

Derrière toi,  devant moi, se déroulait le tapis d’eau que l’horizon n’arrivait à dompter.

Du ciel dégagé en cette saison de tendresse, les oiseaux choregraphes ne peuvent tomber.

 

La baie des anges n’était- elle pas celle de DIEU donnant à ce lieu une courbe magique

Kaloumi voici ton nom, jadis chanté, magnifié et fertilisé par tant d’attentions uniques.

Tu t’offrais comme un plateau géant aux garçons dénudés et filles au profil de félin

Trépidant aux sons variés du macrou, du yancadi, yaboulé et goumbés de confins.

Kaloumi bâti dans le défi du port, du commerce et de la singulière diversité de ses habitants.

Pour combien de temps ce défi fut relevé: cinq, vingt? Qu’importe, il le fut pour un temps.

Passé devenu contes et légendes, joie enfouie dans le tréfonds des cœurs fragilisés par les ans.

Sages racontant au clair de la lune à des cercles de grosses fascinés, ta beauté et grandeur d’antan.

 

Réveille-toi ma belle pour que tes enfants incrédules comprennent ta volonté.

Souris-moi donc, toi qui as nourri tant de générations, d’abondantes bontés.

Eventre les gravats qui ont fléchi ta flamboyance naguère titrée perle d’Afrique.

A tous et à toutes clame ton viol, ton corps souillé et tes apparats devenus flasques.

 

Tes fils qui ont oublié doivent se souvenir , ceux qui ne savent doivent apprendre

Accepte le renouveau, tend tes seins nourriciers à ceux qui veulent te comprendre

En leur enseignant honneur,  dignité, justice pour que l’imposture ne soit embellie

Sur ta mémoire fleurie de gaieté, de grâce et de beauté aujourd’hui engloutie

 

Alors renaîtront au soleil couchant, tes débarcadères jadis d’une joyeuse mondanité

D’où les îles,  de l’autre côté, livreront leurs traditions et leur opportune modernité.

Les pêcheurs dans des pirogues de fortune et les navires géants longeront l’Atlantique

Offrant à tous ceux qui capturent cet instant surnaturel un tableau magnifique

 

Oublie un temps ton passé d’abandon et de délabrement pour éviter nostalgie

Donne à mes dernières pensées insoumises saveur de joie retrouvée et de génie

Que tes fils envahis de défi et de revanche pourront bonifier et ressusciter l’Espoir.

Montre aux visiteurs non instruits d’aujourd’hui qu’ici s’étreignent matin et soirs

 

Espoir de renaissance,  de tendresse, de vitalité, espoir de paix et de convivialité

Espoir pour ceux qui en toi croient, ceux qui de toi attendent obstinément félicité.

Alors dormiront-ils à l’ombre de tes cocotiers, se délectant de leurs rêves libérés.

De Timinita, Boulbinet,  Coronthie,  Koulowondi et Manquepas tes parfums seront lâchés.

Lansana KOUYATE »

Nous vous reviendrons pour le deuxième poème.

La Rédaction