Nous l’avons dit et répété plusieurs fois qu’il y a un système de collusion en bande organisée dans l’appareil gouvernemental qui abuse impunément des deniers publics. La sortie hasardeuse du ministre du budget Ismaël Dioubaté, certainement sous pression de certains de ses parrains du gouvernement pour tenter de justifier les 43 milliards de francs guinéens sortis des caisses de l’Etat dans le cadre de l’organisation des examens est une illustration parfaite. 

L’arbre cachant la forêt avec une ministre moins expérimentée mais très habile pour la sortie frauduleuse d’argent, c’est son homologue du budget, apparement mal inspiré qui s’est prêté à un exercice très périlleux et complexe pour amuser la galerie.

Les gros mensonges du ministre Dioubaté

Premier mensonge grossier

En effet, s’adressant à la presse ce jeudi 10 décembre, Ismaël Dioubate a affirmé : « Ce qui est compliqué dans cette histoire parue dans la presse, c’est qu’il n’y a aucune indication des montants séparés. On ne parle pas de temps, mais on fait des affirmations…»

Oui, des affirmations Monsieur le minsitre parce que c’est documenté même si vous et certains de vos collègues du gouvernement impliqués directement ou indirectement dans cette sale affaire commencent à intimider les gens que vous croyez être suspects et qui seraient responsables de vous vilipender. Mais, c’est peine perdue  ! Comme vous parlez des dates et montants, ce qui suit devrait vous rafraîchir la mémoire qui semble être brouillée :

1- Le 30 juillet 2020 suivant l’avis numéro BK2021200005020, le ministère de l’enseignement technique a reçu 4.498.300.782 GNF comme prime pour l’organisation des examens de sortie ;

2- Le 30 juillet 2020 suivant l’avis numéro BK2021200005020, le ministère de l’enseignement technique a reçu 22.281.148.238 GNF comme prime pour l’organisation des examens de sortie ;

3- Le 31 août 2020 suivant l’avis numéro BK202440000502, le ministère de l’enseignement technique a reçu 894.957.288 GNF comme prime pour l’organisation du concours d’entrée ;

4- Le 31 août 2020 suivant l’avis numéro BK202440000502, le ministère de l’enseignement technique a reçu 62.080.423 GNF comme prime pour l’organisation du concours d’entrée.

Soit un montant total de 27 milliards 736 millions 486 mille 731 francs guinéens. Ce qui correspond exactement à la somme demandée par le service des examens du ministère de l’enseignement technique.

Deuxième mensonge grossier

Selon nos informations et contrairement à ce que dit le ministre Dioubaté, ce budget (27 milliards) a été élaboré par le service des examens en tenant compte de la contrainte liée à la lutte contre le coronavirus qui a commencé au mois de mars 2020 en Guinée : augmentation des mesures sanitaires liées à la COVID-19, du nombre de salles de classe et de tables bancs ainsi que le nombre de surveillants. En termes clairs, tous ces frais étaient déjà inclus dans les 27 milliards proposés par le service d’examen et payés par le trésor public guinéen tel qu’indiqué plus haut. Curieusement, sur les 27 milliards décaissés pour les examens, la ministre n’a donné que 15 milliards de francs guinéens aux services d’examens pour organiser ceux de sortie et le concours d’entrée dans les écoles de formation professionnelles. Et cette somme ne suffisait même pas. Mais puisque la ministre Zenab Dramé, forte de ses soutiens au gouvernement les a obligés de se contenter de ce montant.Donc, elle et ses complices ont détourné 12 milliards des 27 milliards décaissés pour la cause.

Aussi, tel que largement relayé dans nos articles précédents, le 31 août 2020 suivant l’avis numéro BK202440000502, le ministère de l’enseignement technique a reçu 15.747.226.289 GNF comme prime supplémentaire pour l’organisation des examens de sortie. Un montant que le sieur Dioubaté se substituant à la ministre tentait naïvement  de défendre sans convaincre. Si ce n’est pas pour détourner, étant donné que tous les frais liés aux contraintes sanitaires pour l’organisation des examens étaient pris en compte par le service des examens, ce montant n’avait pas sa raison d’être décaissé puisque les 27 milliards étaient largement suffisants pour organiser les examens quoique 12 milliards de celui-ci étaient tombés dans les mains des fossoyeurs de l’Etat et leurs complices.

Si Ismael Dioubaté était un bon commis de l’Etat bien initié, il aurait économisé son temps et son énergie avant de se prêter à un tel exercice qui n’a fait que resserrer l’étau sur celle qu’il tente de défendre sur  les instructions du vrai gangster qui n’ose pas se prononcer pour l’instant sur cette affaire en public ayant bénéficié certainement des largesses de la dame. Pour votre gouverne, les institutions d’enseignement techniques des 33 préfectures de la Guinée ont été consultées pour donner chacune sa capacité d’accueil des étudiants pour l’année scolaire 2020-2021. Au total, le nombre de places disponibles était autour de 6000 étudiants. Sur la base des documents officiels, il y avait 16 mille candidats pour ces 6000 places. C’est dans ce cadre que le concours d’entrée a été organisé en août 2020 pour recruter ces candidats.

Il n’y a aucun plan du ministère pour recruter 6000 nouveaux étudiants dans un futur proche en tout cas pour l’année scolaire 2020-2021. Et même si cela devait être fait, le service d’examens serait parti puiser dans sa base de données sur les 10 mille non admis par ordre de mérite. Donc, tout ce que la ministre a dit sur ce volet est une pure aberration et un mensonge éhonté d’un cadre qui doit être là normalement pour servir les intérêts de la république et non maquiller le vol de l’argent des contribuables guinéens. Que le gang retourne ces 15 milliards aussi dans les caisses du trésor. Les documents comptables sur lesquels les directeurs préfectoraux ont émargé pour les examens d’entrée et sortie existent, c’est très facile de démêler le vrai du faux. Ça y va dans l’intérêt de la république.

Troisième gros mensonge du ministre.

Le ministre a parlé 3 millions d’euros de l’agence française de développement (AFD). Or, nulle part dans sa série d’articles sur la nébuleuse, Guineenews© n’a parlé de trois millions d’euros de de l’AFD, mais des fonds globaux. Le quotidien a plutôt parlé de plus d’un milliard trois millions reçus par le ministère du fonds COVID-19 sous forme d’avance de crédit (chèque) que celui-ci devait remboursé (régularisé) au trésor pour prendre les mesures sanitaires pendant la rentré scolaire 2020. Hélas, ça n’a pas été utilisé à cette fin mais détourné.

Lire ou relire : Affaires 200 milliards : La sortie de Me Sampil – Précisions de taille sur la subtilisation du fonds COVID-19

Quatrième gros mensonge de Dioubaté

Dans sa conférence de presse, le ministre a parlé de demande de dérogation qu’il a reçue du ministère de l’enseignement technique afin dit-on d’acheter les « biens et services » pour un montant de plus de 35 milliards de nos francs. Malgré toutes ses explications techniques dignes d’un autre âge, il est passé à côté de la plaque.

En outre, si le ministre était très familier des procédures en matière d’allocation  de crédits  pour les dépenses d’urgence par dérogation, il aurait dû bien maîtriser la loi organique des finances publiques. Une loi de finance est une loi. La violer sans l’accord du président est un manque de respect à la gestion des ressources du pays. Selon cette loi, ordinairement, aucune avance de fonds ne peut être faite sans un décret signé du président de la république. Le ministre fait sa demande auprès du président, le cabinet présidentiel et le conseil juridique du président examinent d’abord la véracité des faits avant que le chef de l’Etat ne l’autorise par décret. Une fois que les resources rentrent, on procède au remboursement des montants alloués par dérogation. Lire les articles articles 30, 32, 33 et 34 de la loi organique des finances pour connaître ce processus et se rendre compte des contre-vérités du ministre Dioubaté. Ainsi, ce montant se serait retrouvé dans les mains des voleurs à col blanc n’eut été la vigilance de la presse et celle du président.

On comprend qu’avec le remaniement ministériel  qui se profile à l’horizon que les ministres qui ont brillé par leur médiocrité et imbibé dans des malversations d’une telle envergure. Pour tirer cette affaire au clair, le président Alpha Condé doit impérativement instruire l’inspection générale générale des finances ou l’inspection générale d’Etat pour enquêter et situer les responsabilités.

Pour le futur gouvernement, les Guinéens s’attendent à ce que le chef de l’Etat forme une équipe forte, composée de technocrates, de patriotes qui sont capables de l’aider à développer le pays et non ceux qui se sucrent sur le dos de l’Etat, sans vergogne !

A suivre…

Youssouf Boundou Sylla

guineenews.org