Leader politique charismatique, carrière diplomatique et politique bien remplie. Allié du président Alpha Condé en 2010, Lansana Kouyaté a fini par rejoindre l’opposition, puis s’exiler. Revenu au pays depuis peu, il entend briguer la magistrature suprême. Il est le candidat idéal et crédible sur lequel les Guinéens peuvent miser sans arrière-pensées.

Dans un monde marqué par des crises politiques, économiques et militaires, la diplomatie reste un moyen efficace pour trouver des solutions viables. Lansana Kouyaté est un homme de réseau, vu ses nombreuses années passées dans les couloirs des instances diplomatiques africaines et internationales, son expérience à la tête de la Primature lui a permis sans doute de se forger un carnet d’adresses bien garni qui pourrait bien profiter à la Guinée.

Il est intègre. Nous ne disons pas que les autres sont corrompus, mais lui est perçu comme clean, les mains propres. Ce qui d’ailleurs lui avait valu la nomination à la tête de la Primature en 2007, mettant ainsi fin à près de deux mois de grèves générales et d’insurrections populaires.

En 2010, il s’est allié à Alpha Condé au second tour. Mais vu les présages, Kouyaté s’est éloigné dès les premières heures, il a compris que cet homme n’était pas venu pour travailler. Il a demandé à ses cadres au gouvernement de démissionner pour marquer la rupture afin de se  désengager de toute responsabilité liée à la gestion du professeur Alpha CONDE. C’est ainsi qu’il a rejoint  l’opposition politique , avant de quitter le pays pour une longue durée.

Pendant ce temps, certains politiciens, en panne d’inspiration, se sont rapprochés du Président Condé, en acceptant ainsi des postes de Haut Représentant du chef de l’Etat. Alors que d’autres se sont laissés distraire par le statut de chef de file de l’opposition,  y compris  budget et véhicule de fonction avec. Naturellement rien de tout cela n’a fonctionné, il n’y avait aucun sérieux derrière, juste des manipulations politiques.

Vu qu’il n’avait pas pu l’avoir, le régime Condé a tenté de le salir, l’accusant de détournement de fonds dans le projet de relance de la filière coton de Guinée (PRFCG). Dossier d’ailleurs repris vainement par la CRIEF. Cette affaire a été jugée deux fois par le tribunal de Kaloum, il y a eu des condamnations. Durant les deux procès, personne n’a pu établir la culpabilité de Kouyaté.

Il est transversal, son parti politique est bien implanté partout en Guinée et ne s’identifie pas à sa communauté ou à sa région d’origine, comme nombre de partis politiques actuellement en Guinée. Issu de la communauté mandingue, né en Basse Guinée (Boffa en 1950), il a de bons rapports avec les populations partout en Guinée.

En témoigne, son score au premier tour de la présidentielle guinéenne en 2010, la seule élection crédible jamais organisée dans le pays. Figurez-vous, son PEDN, Parti de l’espoir pour le développement national , s’est positionné à la quatrième place avec 7,75 % des voix. Avec un parti politique né seulement  une année avant l’élection. Ce qui en soi est une grosse performance,  surtout quand on sait que d’autres partis qui existaient déjà depuis des années n’ont pas eu 1% de l’électorat. Par ailleurs, il est fort à constater que la carte électorale de la Guinée, depuis la chute du professeur Alpha CONDE, est en pleine recomposition. Une chose qui pourrait être favorable au président du PEDN.

Il est consensuel, pas radical ou extrémiste. Il use de toutes ses facultés de diplomate chevronné. Et pour toutes les fois qu’il a compris que cela n’allait pas, il a pris du recul, sensibilisé ses collègues, prévenu sur les éventuels pièges. A chaque fois, l’avenir lui donne raison. Après avoir participé à quelques manifestations, dont celle du 27 août 2012 durement réprimées, Kouyaté a compris qu’Alpha Condé etait prêt à tout pour rester au pouvoir.

Alors, il s’est retiré, parti en exil, demandé à ses amis de l’opposition d’arrêter les manifestations qui ne produisent rien d’autre que du sangs et des larmes, des casses. Aujourd’hui le bilan est lourd, très lourd. Et même si Alpha est parti, ce n’est pas par l’effet des manifestations. Donc on aurait pu épargner des vies et des biens si on l’avait écouté. Malgré tout, il prône la réconciliation.

Une brillante carrière à l’international

De la CEDEAO à l’ONU en passant par la francophonie, il a acquis une grande expérience comparativement à ses rivaux qui n’ont qu’une petite expérience dans l’administration. Il débute sa carrière en 1983, en qualité de premier conseiller à l’ambassade de Guinée à Abidjan. En 1987, il est nommé ambassadeur de la Guinée en Égypte, Jordanie, Turquie, Soudan, Liban et Syrie avec résidence au Caire. Six ans après, il est nommé ambassadeur, représentant permanent de la Guinée aux Nations-Unies.

Nommé en 1993 par le Secrétaire Général de l’ONU comme son Représentant spécial par intérim en Somalie où il va convoquer en mars 1993, la conférence de réconciliation des somaliens qui aboutira à un accord connu sous le nom d’accord d’Addis-Abeba. En 1994, il est sous-secrétaire général de l’ONU aux affaires politiques couvrant l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Afghanistan et le Tadjikistan.

En 1997, il quitte le système onusien pour la CEDEAO où il est plébiscité comme Secrétaire exécutif. En cette qualité il entreprend de profondes réformes réorientant l’intégration vers l’économie, le social et la paix. Dans le domaine de la paix, il fait élaborer le mécanisme de prévention des conflits par l’adoption d’un protocole appelé protocole sur la prévention, la gestion, et le maintien de la paix.

En 2002, le Secrétaire Général de la Francophonie lui demande d’être son envoyé spécial au Togo pour participer au comité de médiation dans le dialogue inter-Togolais. En septembre de la même année, éclate la crise en Côte d’Ivoire où il fut dépêché. Il jouera un rôle prépondérant au sein du comité de suivi de l’accord de Marcoussis pour ramener la paix en Côte d’Ivoire.

En attendant la tenue de l’élection présidentielle qui mettra fin à la transition du CNRD, en cours dans le pays depuis le 5 Septembre 2021, le président du PEDN, son Excellence Lansana KOUYATE, semble mieux que quiconque être disposé a être investi à la magistrature suprême de la République de Guinée.

Par

Alpha Diallo, fondateur et directeur de publication de www.guineeactuelle.com