C’est avec une grande désolation que nous, membres de l’ONG Alternatives Citoyennes Guinée (AC-G), suivons depuis maintenant quelques semaines la brouille de certains magistrats du pays versus monsieur le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux. C’est une situation que nous trouvons préoccupante d’autant plus qu’elle jette l’opprobre sur une partie des multiples efforts consentis dans le secteur de la justice et ce, depuis l’entame de la transition en cours dans notre pays.

En effet l’avènement du CNRD au pouvoir en Guinée a eu le don d’enclencher le déclic d’une justice équitable et au service exclusif des justiciables. Ce fut l’amorce de la réalisation d’un rêve jusque-là considéré comme un vœu pieux. Le Chef de l’Etat et son gouvernement se sont résolus à faire de la justice la boussole de la transition. Cette volonté politique manifeste s’est traduite dans toutes les actions publiques et donne aujourd’hui l’espoir d’une justice rêvée des guinéens.
Ce ne fut pas une sinécure tant le mal de l’appareil tout entier était profond. En effet la corruption et pratiques assimilées avaient particulièrement gangrené la machine judiciaire au point que le pauvre citoyen n’avait plus confiance au système de la base au sommet. Conséquence : des pratiques comme la vindicte populaire étaient devenues légion dans notre pays, au grand dam de l’orthodoxie procédurale requise. Du fait de la confiance perdue, le citoyen s’arrogeait le droit de se rendre lui-même justice. Ça, nous le vivions ici en permanence et avec désolation. Mais cette attitude n’était que la résultante d’une confiance perdue entre l’institution judiciaire et les justiciables.
Dans la même lancée, nous ne pourrons pas ici vous décrire exhaustivement les maux dont souffrait notre justice et qui la collaient une si mauvaise image, une si mauvaise réputation. Inverser cette tendance, guérir ces maux ou tout au moins poser le diagnostic et en entamer le traitement ne fut pas, convenons-en, chose aussi aisée que nous l’imaginions. Il aura fallu tant de moyens, tant de sacrifice, d’audace et surtout de volonté politique. Et aujourd’hui, il n’est à prouver à personne que l’espoir jadis perdu renait peu à peu chez les justiciables. Nous venons de loin, ne l’oublions pas. Mais en dépit de tout, aujourd’hui les citoyens que nous sommes, avons de plus en plus confiance à nos institutions judiciaires. Qui l’aurait cru il y a deux ans plutôt ?
Par ailleurs, la bonne nouvelle est que la dynamique enclenchée dans le cadre de la réforme de notre justice a encore le vent en poupe. La législation se parfait, le personnel se renouvèle avec de nouvelles recrues, l’infrastructure change positivement de décore et les chantiers en la matière poussent tous azymites. Le délai de garde à vue est de plus en plus respecté, les conditions carcérales s’améliorent et des dossiers réputés intouchables sont ouverts sans coup férir ; franchement, du point de vue de citoyens que nous sommes, le cap est bon et l’espoir est permis.
Du reste, ceci est un bilan non seulement du Chef de l’Etat et de son Ministre Garde des Sceaux, mais c’est aussi et surtout le bilan de l’ensemble des acteurs de la chaine judiciaire notamment les magistrats. Le peuple de Guinée ne comprend donc pas que des acteurs de cette prouesse soient encore parmi ceux qui s’acharnent à cracher dans la soupe dont ils ont eux-mêmes concouru à la préparation. Le contraste est bouleversant pour les citoyens que nous sommes.
C’est la raison pour laquelle nous, membres de l’ONG Alternatives Citoyennes Guinée, constatons avec amertume les bisbilles actuellement en cours dans les rangs de nos valeureux et respectés magistrats à qui nous rendons au passage un vibrant hommage. La magistrature est une fonction noble. Le magistrat se doit donc d’agir de manière à correspondre à cette description. En tant que magistrats vous avez juré de dire le droit, de rendre justice. Ne pas s’acquitter de ce devoir sacré en boudant les tribunaux, en livrant les justiciables à eux-mêmes est, de notre entendement, une abdication qui ne devrait pas se produire au sein d’une si majestueuse corporation.
Ceci dit et de manière solennelle nous, Alternatives Citoyennes Guinée, invitons humblement les meneurs de cette « crise » à savoir raison garder en pensant aux justiciables que nous sommes. Les enjeux sont énormes et les défis aussi. L’heure devrait plutôt être à la concorde. Les reformes en cours méritent d’être soutenues et accompagnées par tous au grand bénéfice du peuple de Guinée.
Vive la République
Vive la justice guinéenne
Vive la paix et l’unité nationale

La rédaction.