Ces dernières années, le débat sur la mise en place d’une CENI technique ne cesse de gagner du terrain, il faut rappeler que la notion de CENI technique est apparue pour la première fois sur la scène politique de notre pays en 2017 lors d’une rencontre de concertation à l’hôtel Riviera entre les différents acteurs (partis politiques, administration, société civile et les PTF).

Au cours de la rencontre, l’administration représentée par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) avait émis l’idée de ramener l’organisation des élections au sein de son département. Cette position fut soutenue par le RPG Arc-en ciel parti au pouvoir d’alors.

Tous les représentants des partis politiques de l’opposition (UFDG, UFR, PEDN, BL etc.) ont rejeté en bloc l’idée de ramener l’organisation des élections au MATD

C’est dans cette même salle que la proposition d’une CENI technique a été faite par l’un des consultants (Un Camerounais), la société civile représentée par le CNOSG a aussitôt bondi sur cette nouvelle proposition qu’elle défendra sans réserve. Pour eux, la CENI technique dont les membres devraient être recrutés par appel d’offre était l’alternative au schéma actuel.

Cette deuxième proposition aussi avait été refusée par tous les partis politiques de l’opposition, l’UFDG fut le plus virulent en ce qui concerne le rejet de cette seconde proposition.

  1. A qui la CENI technique profitera-t-elle de nos jours ?

A l’entame, il convient de rappeler que dans la sous-région, partout où il y a un organe de gestion électoral indépendant, il est composé de la même façon que celui de la Guinée, c’est le nombre de personnes qui varie d’un pays à l’autre (exemple : Cote d’Ivoire, Niger, Burkina Faso, Togo, Benin etc.)

En matière électorale, les formations BRIDGE graduelles sur l’administration électorale constituent les fondamentaux pour une accréditation dans la base de donnée de ce programme à l’échelle mondiale.

A la CENI de Guinée, il y a trois (3) groupes d’assistants :

a- Les assistants (secrétaires et agents de liaison) ;

b- Les assistants techniques (qui ont une formation BRIDGE modulaire) ;

c- Les assistants techniques électoraux (ayant bénéficiés de plusieurs formations BRIDGE modulaires, TTF etc.) ils sont semi-accrédités, accrédités et facilitateurs d’ateliers BRIDGE.

Pour répondre à la question de savoir : A qui une CENI technique profite- t- elle ?

Il suffit de lancer un regard critique pour connaitre la composition des assistants du nombre d’assistants ayant des accréditations au sein de la CENI.

Au regard de la physionomie des assistants accrédités et semi- accrédités à la CENI de Guinée, on ne peut s’empêcher de se poser la question pourquoi un seul groupe ethnique a autant d’assistants accrédités que toutes les autres ethnies réunies alors que pour la plupart ils ont eu la même longévité au sein de l’institution.

  1. Le Doyen Pathé DIENG et son parcours d’Expert Electoral le plus attitré en Guinée

 C’est en 1998 que cet enseignant d’université est envoyé au compte des universitaires au sein de la Commission Electorale Nationale Autonome ‘’ CENA’’ pour organiser les élections en connivence avec le Ministère de l’intérieur d’alors.

 Avec l’avènement en 2008 de la CENI dans notre pays tout comme dans beaucoup de pays au monde, ce cadre désigné par la société civile (Universitaire) au sein de la CENA quelques années auparavant, est cette fois-ci parmi les 10 représentants du PUP (parti au pouvoir à l’époque) au sein de la Commission Electorale Nationale Indépendante ‘’ CENI’’ de 2008.

Pendant des années il fut le directeur du département des opérations au sein de cette institution qui a organisé l’une des élections les plus controversées de l’histoire de notre pays. En témoignent les 24 points de revendications entre les deux tours de la présidentielle de 2010, revendications dont les corrections ont été exigés par les parties en course et les Partenaires Techniques et Financiers (PTF). Les failles de cette élection étaient telles qu’il nous a fallu un Malien à la tête de la CENI pour organiser le second tour de la présidentielle.

 A la faveur de la recomposition de la CENI en 2012, Monsieur Pathé DIENG est encore nommé à la CENI sur la liste de l’UFDG. Au sein de cette nouvelle CENI aussi, il occupe les départements stratégiques. De 2012 à 2017, il est directeur de la planification et du fichier électoral sous la présidence de Monsieur Bakary FOFANA. De mi-2017 en 2019 année à laquelle il quitta l’institution électorale, il occupe le poste de directeur du département sensibilisation.

Il convient de rappeler que c’est la mauvaise gestion du fichier électoral par Monsieur Pathé DIENG qui a fait de la base de données des électeurs (fichier électoral) une source du contentieux entre les parties prenantes au processus électoral.

Pour remédier au tripatouillage subi par ce fichier électoral quand il gérait le département fichier, les différents acteurs ont unanimement décidé de faire un audit de la base de données des électeurs Guinéens. Cet audit qui a couté des millions de dollars à notre pays avait été réalisé en 2018 sous le leadership de la communauté internationale.

Les résultats de l’audit ont révélé 77 recommandations dont la première recommandation appelée «Recommandation forte » demandait la reprise du fichier électoral (les archives existent encore).

NB: Cependant, il faut noter qu’en 2017 lors d’une autre rencontre à NOVOTEL pour continuer le débat sur le type de CENI qu’il fallait à notre pays, devant le Ministre Bouréma CONDE et ses cadres venus défendre le transfert du processus électoral au sein de son département ministériel, devant quelques représentants de la CEDEAO et des partis politiques, C’est Monsieur Pathé DIENG qui a défendu haut et fort que la république de Guinée a le meilleur type de CENI (Les témoins et les archives existent encore).

A la surprise générale c’est cet ancien commissaire de CENI, directeur du Cabinet d’Expertise Electoral ‘’ CEE’’ qui a ôté le costume d’activiste de la société civile depuis plus de 10 ans pour migrer vers les partis politiques qui vient de produire un mémorandum qu’il a défendu sur les ondes d’une radio de la place.

Il faut souligner que dans l’élaboration dudit mémorandum, il a été aidé par un groupe d’assistants auxquels il a distribué les accréditations au détriment des autres. Dans ce mémorandum qu’il a transmis au CNRD, il qualifie le type de CENI à laquelle il a appartenu et défendu au compte de son parti politique l’UFDG de model de CENI inadéquate.

  1. Quel calcul se cache derrière cette nouvelle stratégie ?

Ce militant de l’UFDG en connivence avec son parti politique mise sur l’un des deux (2) scenarios qu’ils se sont fixés.

Le premier scenario: Au regard de son expérience dans le processus électoral aidée en cela par son diplôme en BRIDGE le seul accréditeur en Guinée pour le moment. Que le choix des autorités en place (le CNRD et le Premier Ministre) porte sur lui (Pathé DIENG) pour diriger le futur Organe de Gestion des Elections (OGE). Une fois président de la CENI, aidé par son réservoir d’assistants accrédités dont il magnifiait à la radio, il fera du leader de son parti Monsieur Cellou Dalein DIALLO président de la République de Guinée.

Le deuxième scenario : Contrairement au précèdent scenario, ce second scenario consiste à avoir l’adhésion du CNRD et du futur gouvernement à mettre en place un organe indépendant des partis politiques de par son nom (CENI technique) dont on lui confierait le recrutement du personnel vu son hiérarchie en la matière (son diplôme d’expert électoral accréditeur).

Comme il a eu à l’expliquer sur les ondes de FIM FM de procéder au recrutement du personnel sur dossiers et en fonction de l’expérience des « postulants » ; ce sera l’opportunité pour lui de ne choisir que les assistants qui lui resteront redevables et qu’il manipulera à sa guise. En ce moment, monsieur Pathé DIENG quel que soit sa position (en dehors ou dedans) il aura les atouts nets pour tirer toutes ficelles dans sa direction. Souvenons-nous que l’un de ses «assistants » s’est porté coupable de soustraction frauduleuse d’un procès-verbal (PV) des mains d’un magistrat chargé de la centralisation à Labé (sous-préfecture de KALAN). Il a fallu la dextérité du président défunt de la CENI pour déjouer cette manœuvre dont on ne pouvait imaginer les conséquences si elle avait réussie. Au finish l’objectif reste le même, c’est d’élire le leader de leur parti, Monsieur Cellou Dalein DIALLO Président de la république de Guinée.

Ibrahima Sory Keita, sur mosaiqueguinee.com