Pendant la première république, le niveau d’études en république de Guinée était l’un des plus élevés dans la sous-région ouest africaine. Mais, depuis près de quatre (4) décennies, le système éducatif guinéen devient de moins en moins reluisant.

A qui la faute ?

Pour répondre à cette question, nous dirons que les responsabilités sont partagées entre :

  1. L’ETAT : qui ne fait pas ce qui est censé être son devoir :
  • Faire de l’éducation, la priorité des priorités en l’allouant 30% du budget national ;
  • Nommer des ministres et d’autres cadres qui maîtrisent le domaine ;
  • Construire et équiper des écoles ;
  • Lors des concours de recrutement, privilégier les sortants des Ecoles Nationales d’Instituteurs (ENI) et ceux de l’Institut Supérieur des Sciences de l’Education (ISSEG) ;
  • Créer des meilleures conditions (logements, primes d’éloignement conséquentes, etc.) pour les enseignants mutés à l’intérieur du pays ;
  • Mettre en place un système d’évaluation rigoureux ; etc.
  1. LES ENSEIGNANTS : qui ne sont généralement pas conscients de leur rôle combien important dans la vie de la nation. Cette inconscience les pousse à :
  • Ne pas être réguliers en classe (certains partent à l’école mais, se mettent à se promener dans la cour de l’école) ;
  • Attribuer des notes de façon fantaisiste (basée sur aucun mérite) ;
  • Considérer l’enseignement comme un métier de second plan ; etc.
  1. LA FAMILLE (les parents d’élèves) : elle qui, dans les conditions normales, est la pionnière de l’éducation à la base, s’estime peu important dans cet importantissime combat pour l’éducation.

Pour beaucoup de parents d’élèves, l’école est un dépotoir d’enfants. On vient y inscrire les enfants ensuite, pas de suivi ni contrôle après l’école comme pour dire que ‘’les enfants constituent un fardeau’’ dont il faut s’en débarrasser et le meilleur endroit pour cela, c’est ‘’l’école’’. On ignore souvent le principe qui dit ceci : ‘’ l’éducation de l’enfant se partage entre la famille et l’école’’. Si une des parties précitées arrive à faillir à ses responsabilités, l’enfant réussira une éducation bancale.

Elle (la famille) a renoncé à son devoir de :

  • Réveiller les enfants pour l’école ;
  • Veiller sur l’assiduité et la ponctualité de l’enfant à l’école ;
  • Vérifier ses cahiers ;
  • Veiller sur sa conduite à l’école ;
  • Chercher un répétiteur pour la maison (si nécessaire) ; etc.
  1. LES ELEVES EUX-MÊMES  : eux qui sont censés comprendre qu’ils sont les premiers gagnants de leur bonne éducation ou les premières victimes de leur mauvaise éducation, ne le sont en rien. Ils préfèrent se livrer au vagabondage en refusant :
  • D’étudier correctement à l’école et réviser leurs leçons à la maison ;
  • De suivre les bons conseils des parents etc.

Pour prouver que nos élèves et étudiants n’étudient presque pas, il suffit de les empêcher de tricher lors des différentes évaluations.

La plupart des écoles (publiques et privées) font de bons résultats avec des taux d’admission variant entre 70, 80, 90 voir même 100% aux différents examens nationaux lorsque ceux-ci sont émaillés de fraude de toute sorte (fuite du sujet, utilisation des téléphones mobiles dans les salles d’examen etc.). Mais quand c’est le contraire, la quasi-totalité a du mal à avoir un taux de réussite de 30%. Par endroit, on enregistre zéro admis.

EXAMENS NATIONAUX SESSION 2022 :

Selon le tableau statistique des résultats nationaux publié par le Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (MEN-A) en date du 18 juillet 2022, la situation des examens nationaux session 2022 se présente comme suit :

Pour les tout-petits c’est-à-dire l’examen de fin d’études élémentaires (communément appelé l’examen d’entrée en 7ème année), sur un total de 265.569 inscrits dont 251.149 ayant composé, seuls 44.249 ont été admis pour le collège soit un taux de réussite de 17,62 %.

Concernant le Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC), parmi les 159.169 ayant composé sur 171.935 inscrits, seulement 23.939 ont été déclarés admis soit 15,04 % comme taux de réussite.

Sur 93.209 candidats ayant composé sur 102.601 candidats inscrits pour le compte du Baccalauréat unique, seuls 8.731 ont pu décrocher leurs tickets d’entrée à l’université (en attendant bien sûr les orientations) soit un taux de réussite de 9, 37 %.

Pour les trois (3) examens réunis avec un total de 540.105 candidats inscrits dont 503.527 ayant composés, seulement 76.919 ont décroché pour un taux de réussite de 15,28 %.

A lire ce tableau statistique, on se rend compte facilement que les résultats de cette année sont tout sauf reluisants.

Les autorités en charge du MEN-A doivent aussi initier les séances de mise à niveau des enseignants du primaire et du secondaire afin de relever le niveau de tous ces enseignants à faible niveau.  Force est de reconnaitre qu’une frange importante du corps enseignant relevant du MEN-A n’a pas de niveau requis pour former les jeunes gens.

Le système éducatif guinéen a besoin des profondes réformes afin de redorer le blason.

Soignons notre système éducatif afin de soigner les maux dont souffrent notre nation.

Ousmane Kankou KABA, Juriste Internationaliste, coordinateur de la sous-cellule digitale du PE.D.N

Ousmanekankou18@gmail.com