Nous profitons de cette partie pour rendre hommage aux combattants qui sont tombés en cours de route .

Le gendarme Fromo , notre informateur, travailleur infatigable, il nous a sauvé la vie , surtout moi.
Un jour en attente d’un taxi , Fromo fut mis au courant, qu’une voiture arrive avec des agents en civil à bord , qu’ils me proposeront de m’amener à mon domicile, qu’il faudrait absolument ne pas le faire, il a couru comme un gamin pour venir m’avertir.
Il fut foudroyé d’un violent mal , je crois une typhoïde et a rendu l’âme.
Nous lui avons organisé des obsèques dignes .
Le mari de mme Bô Camara , homme à tout faire au niveau de la douane , c’est lui qui nous aidait à faire passer nos tracts du RPG et tous les documents confidentiels.
Djotan Souaré mon amie , elle m’a permis de recruter beaucoup de femmes à travers Conakry.
Souaré le compagnon de Sékou Souapé, son alter égo, décédé au Mexique .
Hadja Makoto , la sagesse personnifiée.
Mme Condé , la chef des femmes de Dixxin , c’est la maman d’Abdoulaye Condé, Mme Donzo Nafina , la grande soeur de Mabinty Sylla de la section SIG .
Toutes ces personnes auraient dû au moins une fois être citées et décorées à titre posthume pour le combat qu’elles ont mené , pour la démocratie, la liberté avec foi .
Si Alpha Condé les a oubliées , nous avons toujours leur souvenir et la lutte loyale pour la démocratie et le multipartisme.
Nous leur saurons toujours gré de leur dévouement et prions Dieu le Miséricordieu et l’Omniscient de leur accorder son pardon et son paradis, elles ont donné un sens à leur vie en participant avec tous les autres au combat la liberté.
Ce sont les oubliés du professeur Alpha Condé, qui comme , on le dit : 《 s’en fou des autres 》.
Après ma rencontre avec Souapé, tout est allé très rapidement.
Souapé et M Banny ont organisé, ma rencontre avec les femmes de Gbessia.
Pensant rencontrer une dizaine de femmes, je me suis retrouvé devant une foule qui arrivait jusqu à la route.
Des femmes sincères, enthousiastes , désireuses d’un profond changement, elles ont tellement admiré mon intervention, qu’elles m’ont offert un beau bazin non cousu , lorsque je l’ai remis chez la soeur du professeur, elle a dit c’est pour toi , je l’ai fait coudre en un beau ensemble pour ma femme.
Cette rencontre fut le départ de toutes les sollicitations.
Cependant, j’ignorais la division qui existait au sein du Parti, il existait plusieurs clans , ce qui fait de ma personne, l’homme à abattre par ce fameux bureau national, jaloux du succès de mes discours.
En effet à Gbessia, le clan Saran Mady Touré et celui de Bô Camara ne s’ adressait pas la parole et vivait en chien de faïence.
Chacun envoyait des rapports au Secrétaire général du parti ,Alpha Condé, se dénonçant, se villipendant etc…
J’ai regardé tout cela de loin , je ne voulais pas m’y mêler or la cible , c’était moi.
En effet , ce bureau national du RPG, pensait qu’Alpha Condé m’a remis une valise d’argent et que ,je ne leur ai pas fait de compte rendu , aussi à mon arrivée je ne suis pas venu leur faire allégeance.
L’ignorance est un vilain défaut, Alpha Condé ne les considérait même pas, ne m’a jamais parlé de ce bureau qui était salarié du parti.
Je l’ai découvert, le jour où Saloum Cissé est venu me chercher pour une réunion chez lui , présidé par Elhadj Fofana Ibrahima président d’honneur du RPG.
Je fus surpris , de la violence des propos , à un moment Moussa III a voulu se jeter sur moi , Saloum Cissé a exclu Alpha Condé du parti ,moi, Souapé, M’Banny, Sissoko président des étudiants du RPG, Gbantama Sow…
Je me trouvais dans une situation très cornelienne , en agissant comme eux , certaines personnes risqueraient de dire à Paris , voila, il est parti mettre la pagaille à Conakry, il faudrait noter tout et faire profil bas.
Je fais la politique depuis le lycée de Dabou et j’étais l’un des rares guinéens de l extérieur, qui passais ses vacances en Guinée.
Aussi, je connaissais tous les opposants au président Ahmed Sékou Touré , de Deschamps Benoît à Siradiou Diallo, passant par le doyen Bah Mamadou qui était pratiquement un frère, j’ai fait plusieurs missions familiales pour lui et j’étais l’ un des rares guinéens qui rentraient chez lui à Abidjan, car il se méfiait beaucoup.
Au tant la psychose à Conakry, au tant les opposants étaient aussi terrorisés voyant des espions de Sékou Touré partout.
Ce que ce bureau national ne savait pas, c’ ‘est que je connaissais très bien mon pays , à l intérieur comme à l extérieur. Aussi je connaissais tout le monde, la clannisation du gouvernement de Béavogui Lansana, car j’avais des amitiés avec les fils des ministres.
Aussi , j’avais ma fiancée qui logeait au camp Boiro, le mari de sa tante , capitaine Touré originaire de Kissidougou en ce moment arrêté et emprisonné à la prison centrale à Kaloum, et toute les nuits nous allions le voir et bavarder avec lui.
Cette familiarité avec le camp Boiro, a créé une amitié entre certains jeunes militaires et moi, auxquels j’amenais régulièrement des bières de la Côte d’Ivoire.
Mes amis de Kaloum, avait peur pour moi , parce que le camp Boiro était un mystère pour eux.
Il ne savait pas que le camp Boiro, il y avait aussi une vie et qu’il y avait aussi des relations humaines et fraternelles .
Bref,nous avons continué à travailler, sans tenir compte des préoccupations de ce bureau national dont Alpha Condé lui même s’en fichait totalement. Certains sont venus me dire qu’il était impossible de monter un bureau du RPG à Boulbinet, je leur ai dit que je le ferai et que je connais très bien Boulbinet et C’est là que j’ai connu ma fiancée.
Nous avons convoqué des jeunes et avions mis en place un bureau très efficace à Boulbinet qui nous aidait à distiller nos tracts clandestinement au camp.
Toutes les communes me réclamaient car mon discours était clair et n’avait ni connotation ethnique, ni violence , nous expliquions à l auditoire ce que nous voulions et pourquoi.
Même Dadis Camara a distribué nos tracts.
De Boulbinet jusqu’à l’abattoir de Kindia et même au camp de kindia, nous avions mis sur pied un bureau du RPG.
Des cassettes audios furent enregistrées dans toutes les langues et distribuées dans les grandes villes.
Le travail colossal qui se faisait sur le terrain échappait au Secrétaire général.
Avant le 17 Mai 1991 , la ville de Conakry était complètement quadrillée, la personne d’Alpha Condé devenait un grand énigme , mais aussi un espoir pour sortir la Guinée de la corruption et la gabegie mis en place depuis Avril 1984.

A suivre !

Mamadi Dioubaté