Depuis le 5 Septembre 2021, la Guinée est dirigée par le Comité National pour le
Rassemblement et le Développement (CNRD), à l’origine de la chute du locataire du
palais de Sékoutouréya. Invité du Journal Afrique de TV5 Monde, SEM Lansana
Kouyaté a encore livré son analyse sur ce moment crucial que traverse son pays
qu’il aspire diriger. Il a au cours de cet entretien porté son regard d’expert sur
plusieurs aspects de cette transition qui s’annonce. Nous vous en livrons quelques
extraits.

Ses attentes par rapport à la transition : ‘’Tirer les leçons du passé’’

« On attend que la transition militaire tire d’abord les leçons de l’échec d’autres
transitions parce qu’à la mort du Président Sékou Touré, il y a eu une transition, à la
mort du Président Lansana Conté, il y a eu une autre transition mais les transitions
ont toujours été une symphonie inachevée. De cette transition, on attend beaucoup
parce que sa particularité est que c’est la première fois qu’un chef d’État est enlevé
de son vivant. Le Président Ahmed Sékou Touré est décédé, l’armée a pris le
pouvoir et le Président Conté est décédé, l’armée a pris le pouvoir. C’est une
première et je ne le regrette pas parce que la situation était devenue accablante
pour tout le monde y compris les membres du RPG (NDLR : ancien parti au pouvoir)
qui étaient les premiers soutiens de ce régime mais chacun était fatigué. » a fait
savoir le Président du PEDN.

Le sort à réserver à l’ancien Chef de l’État Alpha Condé

Faudrait-il le juger ou lui permettre de s’exiler ?
À la question, Monsieur Kouyaté répond : « Il appartient au CNRD de prendre cette
décision mais comme je le dis souvent, on met les institutions judiciaires pour
pouvoir juger qui est en faute. » affirme-t-il tout en faisant savoir que cette tâche
pourrait aussi bien revenir : « au CNRD qu’au Président élu selon ce qui sera retenu
à l’issue des consultations en cours qui permettraient d’éclaircir le programme du
CNRD. »

Des concertations avec les patrons des Sociétés Minières étrangères :
‘’Donner la priorité aux nationaux’’

« Il y a une chose qui est d’abord clair avec les compagnies minières. Les mines ne
sont pas faites pour être en totalité vendues à l’état brut, il faut qu’on le comprenne.
Tout ce qui sort de nos pays à l’état brut, quel que soit le secteur, agricole, minier et
tout le reste, le prix n’est pas fixé par les pays producteurs. Je suis d’accord avec le
Colonel Doumbouya que la priorité soit donnée aux nationaux parce que les prix ne
sont pas fixés par les nationaux mais par les sociétés de cotation, Londres en est un
centre très respecté et suivi. Dès lors que vous transformez, vous fixez votre prix
mais quand vous ne transformez pas ni en produits semi-finis ni en produits finis
alors vous ne pouvez pas fixer le prix. Je crois que le Président du CNRD a eu
raison de dire qu’il faut penser aux Guinéens. L’avantage de mettre en place un
système de production interne, c’est embaucher de la main d’œuvre, multiplier par

10 ou 20 le prix du brut que vous vendez et parfois il y’a même des produits dérivés
qui peuvent être aussi vendus. Mais à quoi ça sert d’envoyer tous les cailloux ? Je
ne dis pas qu’il ne faut pas vendre à l’état brut mais il faut savoir la proportion et la
transformer. » a-t-il conseillé.

De la suspension de la Guinée des instances de la CEDEAO :  ‘’C’est un
principe !’’

En fin connaisseur de l’histoire des Nations et du fonctionnement des institutions
sous-régionales et internationales, l’ancien Secrétaire Exécutif de la Communauté
Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), fera ce rappel : « Je ne
dirais pas que je regrette parce que je connais comment cette procédure de
suspension a été décidée. C’est par le monde entier ! C’est après la Guerre Froide
ou ce qu’on a pensé comme tel. Le débat est venu tout de suite de savoir que faut-il
faire des Coups d’État parce que tout le monde pensait qu’on allait être dans la
tranquillité mais très tôt on a compris qu’aux guerres inter-pays, allaient se substituer
les guerres intra-pays. On a vu toutes ces guerres qui se sont passées et les coups
d’État intervenaient toujours. Il y a eu des débats sur 4 ans presque, entre ceux qui
disaient que tout coup d’État doit être condamné notamment par la suspension et
ceux qui disaient, il y a des Présidents qui ne sont pas vertueux, qui sont élus
démocratiquement et qui, en fin de compte trahissent leurs serments, dans un tel
cas si l’armée intervient, on doit la reconnaître et ne pas condamner. De ces 2
écoles de pensée, une a prévalu en dernière instance, c’était de condamner tout
coup d’État par principe. C’est un principe. »

À rappeler que le Président du PEDN qui s’apprête à regagner Conakry dans les
semaines à venir, est très attendu par les militants et sympathisants de son Parti.
C’est un leader qui a su faire preuve d’une constance sans pareil sur la scène
politique guinéenne pendant cette décennie de l’Alpha-gouvernance.

La rédaction.