J’ai un rêve ! Celui d’une nation où les hommes et les femmes ne sont plus regardés aux couleurs de leurs ethnies, de leurs religions ou de leurs régions.
Crier mon nom sans préjudice de jugement hâtif ;
Lire un décret de gouvernement sans clignement d’un strabisme ethnocentrisme.
Serrer la main du compatriote sans se faire heurter les tympans de cette incandescente question ;
Tu es d’où de la Guinée ?
La béance de la misère est tellement énorme que seule la lâcheté ethno-stratégique est capable de la combler.
Ils ont fait de moi un peulh, de toi un malinké, de lui un soussou de l’autre un kissia ou Toma, et ils ont assassiné en nous le Guinéen ;
Ils nous ont cloué sur la croix demago de l’ethno-phagie, qui se délecte des derniers lambeaux de ma patrie.
Ils nous ont pendu à la potence décrépie pour que le cou de la loyauté se brise et la gorge nationaliste s’asphyxie au courroux du nœud régionaliste et de la corde népotiste.
Alors, je rêve de ce jour neuf d’un soleil éclatant de révolte contre les désastres d’un regard biaisé, balisé, banalisé….
J’ai un rêve, celui d’un jour où les enfants de mon pays auront un avenir garanti, non hypothéqué par une classe dirigeante corrompue
Je rêve que le pétrole coule, mais des puits de l’OPEP, non des bas quartiers obscurs de notre capitale ;
Que les portables vibrent de l’interconnexion, non de communication de sujets en fuite interceptés par des ondes maléfiques de ceux qui n’ont plus rien à perdre.
Que la petite attitude des fils de mon père, des filles de ma mère ne soit pas maculée de tricheries et d’entourloupes. Que la gamine frétillante de ma maison ne tremble pas devant l’obsession polygame et ou pédophile d’un mâle en mal de bal primitif.
Je rêve d’un pays où l’armée est au service de la République, d’une nation unie et indivisible, une armée qui protège, non qui agresse, une armée qui rassure, non qui fait peur, une armée qui sécurise, non qui martyrise, une armée qui vole à notre secours, non qui viole notre amour, une armée qui embrasse, non qui nous embrasse, une armée qui sert, non qui dessert, une armée qui resserre, non qui divise, une armée qui ploie sous le poids de l’amour son peuple et son pays.
Force de sécurité, force de défense, je rêve que les casernes soient des lieux d’apaisement et de fraternité ; non des champs de bataille et de terrains d’entailles.
Je rêve de généraux et des caporaux dont les galons sont couleurs arc en ciel de la nation multi ethnique, dont les godasses bruissent des hymnes de nos aïeux sacrifiés pour notre liberté, dont les treillis s’amidonnent de la sueur de leur fierté brandie aux côtés de leurs populations.
Je rêve, Je sais ce n’est qu’un rêve et peut être que cela restera un rêve.
Demba Sanoh, Sociologue, membre du Comité National des Jeunes de l’espoir.