L’Assemblée Générale Foutti-Lafidy est un rendez-vous dominical initié par des journalistes et autres activistes dans le but de permettre aux citoyens de questionner les gouvernants, les artistes, les sportifs, les entrepreneurs, les leaders d’opinion et autres personnages publics sur leurs parcours, leur vécu et les questions d’actualité. Elle avait marqué une pause par respect des exigences sanitaires de la pandémie à Coronavirus. Comme son nom l’indique, elle a lieu autour d’un plat de Lafidy et tout citoyen peut participer et interagir avec les invités. Pour la reprise de cette 4ème saison, l’ancien Ministre de l’Éducation Nationale Dr. Ousmane SOUARÉ et le jeune rappeur Bandjan KOUROUMA alias MC FRESH étaient les invités de ce 4 juillet 2021.

La dégustation d’un plat de Lafidy, la présentation des invités par les concernés et le débat sont les 3 phases qui ont marqué ladite Assemblée. Dans la phase de débat, un passage a retenu l’attention de la rédaction de pedn-espoir.org. Dès l’ouverture, un participant a posé la question suivante au Ministre Souaré: « Vous avez été Ministre de l’Éducation Nationale en 2007, il se dit que vous avez organisé le meilleur Bac de l’histoire du pays. En 2008, après le départ du Premier Ministre Lansana Kouyaté, vous aviez été reconduit dans le gouvernement suivant et contre toute attente des fraudes sont enregistrées au BEPC (NDLR : Brevet d’Études du Premier Cycle), ce qui a d’ailleurs conduit à la reprise de cet examen. Au Bac également, ça n’a pas marché comme en 2007, des manquements ont été enregistrés. D’ailleurs des élèves en classe d’examens s’étaient réjoui du départ du Premier Ministre de consensus pas par manque de résultat mais parce qu’ils considéraient que ceci leur ouvrait un boulevard. Peut-on dire que les résultats (élogieux) de 2007 sont plutôt à mettre à l’actif du Premier Ministre Lansana Kouyaté, la gestion rigoureuse qu’il avait instaurée, qu’à votre propre compte ? »

Le Ministre tout en saluant la pertinence de cette question a tout d’abord tenu à rappeler l’ambiance qui caractérisait sa collaboration avec le Premier Ministre Lansana KOUYATÉ dans le gouvernement de consensus, en ces termes : « En 2007, nous étions en équipe autour du Premier Ministre Lansana Kouyaté. Il y a eu symbiose. J’avais mes initiatives. Si on les étudiait en Conseil des Ministres, j’avais toujours son appui et si c’était à 2, je vous avoue que dès que je donnais le ton, il me devançait tout de suite, je le voyais devant moi. Autrement dit, il n’y a jamais eu de contradictions entre lui et moi, jamais d’opposition. Il ne m’a jamais posé une question : pourquoi ? Je l’ai toujours vu soutenir mes initiatives et aller plus loin que moi. L’exemple, c’est lorsque j’ai voulu organiser ces examens de 2007. Je lui ai dit voici la couleur que j’aimerais imprimer et voilà mes exigences. Je voudrais que le gouvernement m’accompagne. Il m’a dit, énonce le problème en conseil des Ministres et laisse-moi faire. C’est ce qui fut fait. Une fois que j’ai donné le ton, il a instruit tous les membres du gouvernement de m’accompagner et que personne ne puisse m’apporter quoique ce soit qui puisse gêner mon élan. Voilà un peu l’allure à laquelle nous avons travaillé à la réussite de ces examens. » a-t-il fait savoir à l’assistance.

Sur les manquements constatés dans l’organisation des examens de 2008, le Ministre confirme les fuites de sujets au BEPC. Il semble cependant n’avoir pas eu de preuves concernant le baccalauréat alors qu’elles ont bel et bien existé même si c’était à une moindre envergure qu’au BEPC : « En 2008, vous avez raison mais ce n’était pas dû à l’homme qui était parti ni à moi, c’est le système qui est là. En 2007, nous avons réussi ce que nous avons réussi mais j’étais le seul élément nouveau dans le système qui a organisé ces examens donc il y avait un principe de leadership. Mon leadership a amené toute l’équipe à m’accompagner, à accompagner le nouveau gouvernement. Comme vous le dites en 2008, contre toute attente, y compris moi-même, il y a eu une fuite pas une fraude. Je l’ai sue directement étant à l’intérieur. J’étais à Kamsar pour lancer les examens du BEPC. J’ai passé la nuit à Boffa et à minuit quelqu’un m’a appelé pour me dire qu’il y avait des fuites. Il m’a donné les 2 sujets que j’avais notés et le lendemain matin, j’étais plus pressé que les candidats à voir ce qui se trouvait dans les enveloppes. Lorsqu’on a ouvert la 1ère enveloppe, il y avait le sujet de physique qui était ce qu’on m’avait donné au téléphone, j’étais avec mon Inspecteur Général, je l’ai pris, nous sommes sortis de la salle. Il y avait toute l’Administration et les autorités régionale et préfectorale de Boké et de Boffa qui m’accompagnaient. Je leur ai dit de continuer les mouvements dans les salles. J’ai dit à l’Inspecteur qu’il y a fuite dans les sujets. Quand je lui ai montré le sujet suivant, il a pris sa tête. Je lui ai dit que notre mission s’arrête ici. J’ai téléphoné à Conakry pour l’organisation d’une réunion de crise et vous connaissez la suite. Nous avons repris sans aucun jour de rajout mais aussi pour rétablir l’équité, et c’était au brevet. Au bac, jusqu’au dernier moment on me disait qu’il y avait fuite mais ce n’était pas avéré. » a soutenu l’ancien Ministre de l’Éducation Nationale du gouvernement de consensus.

À rappeler que depuis le départ du gouvernement de consensus, le manque de sérieux dans l’organisation des examens a conduit à des fuites de sujets et fraudes à grande échelle à tous les niveaux notamment en 2014 où des sujets de Bac se retrouvaient avec des élèves à 48h voire 72h du jour J et les examens de 2007 sont toujours considérés comme le référentiel.

La Rédaction